Ahhh la musique ! Un des rares domaines où il est si délicat de s'y frotter sans déclencher des hurlements d'indignation ou des expressions de dégout à tout va (un très bon exemple de l'émoi que celle ci peut provoquer est croqué en Bédé sur cette page, qui, au passage, m'a bien faite rire). Car oui, sauf exceptions, la musique, sous de nombreuses formes, fait partie intégrante de notre quotidien et il est très difficile de ne pas avoir d'avis, d'opinions, de certitudes ou d'illusions sur certains genres en particulier. S'intéresser au sujet d'aujourd'hui pour le (presque) néophyte que je suis en musique électronique relève certes d'un défi pour trancher la question, mais est sans soute suffisant pour tracer quelques lignes générales. N'est-ce-pas, professeur Tonic ?
Gin Tonic, expert à tout faire - Pour sûr mon garçon ! Tout d'abord, si l'on considère qu'il existe une "vraie" musique techno, cela nous indique deux choses. La première, c'est qu'il existe différents genres, différents courants de techno tels que certaines de leurs caractéristiques diffèrent suffisamment pour les séparer. La seconde, c'est qu'un ou plusieurs de ces courants doit posséder la légitimité pour se revendiquer "véritable". Mais reconnaitre un genre comme véritable techno, n'est-ce-pas disqualifier dans le même temps les autres courants ? Il est alors impossible de définir réellement ce qu'est de la vraie techno !
Dameg - Hop hop hop, vous m'avez déjà perdu. Vous voulez dire que de toute façon, on ne pourra pas trancher la question ?
G. Tonic - Dans tous les cas, même si nous tranchions la question, nous n'aurions pas plus de légitimité que n'importe qui, puisque les critères sont très subjectifs. Par exemple, certains accordent un véritable crédit aux précurseurs de la musique électronique, tandis que d'autres vont considérer que les seuls à pouvoir revendiquer de la musique techno seront ceux qui auront réalisé le plus de raves, esprit emblématique de la techno. Mais vous m'avez fait dévier un peu du sujet, nous y reviendrons.
Dameg - Désolé. Revenons en à la légitimité.
G. Tonic - En effet, il apparait que la musique électronique d'aujourd'hui peut se classer en de multiples courants, qui assurent sa diversité.
Citons quelques genres en exemple comme la transe, l'électro, la house,... qui sont bien différents. Notre première condition est bien vérifiée. Mais comment vérifier lequel de ces courants (s'il en existe un) représente la techno, ou si elle même est un genre à part ? Chacun à des critères différents : le profane associe techno et musique électronique en général, tandis que les puristes crient au blasphème lors de ce genre de propos.
Dameg - Hum... C'est assez confus. Comment va-t-on pouvoir répondre à notre question si l'on ne peut même pas définir la techno ?
G. Tonic - Hé bien, on va contourner un peu le problème. Considérons la techno comme un idéal, l'excellence, bref, la fleur de sel de la musique électronique. On ravit alors les amateurs des distinctions "musiques commerciales" / "musique underground" (celle qui a les faveurs, à l'instar de l'esprit libertaire des raves), ainsi que ceux qui considèrent que les précurseurs sont les racines du genre.
Dameg - Cette définition est un peu osée, m'enfin, je conçois le concept.
G. Tonic - Tant mieux ! Dans ce cas, la "vraie" techno est, par exclusion des genres, celle qui n'est pas commerciale (donc répandue parmi les masses), celle qui est réservée aux puristes. Et si l'on est puriste, alors les références en termes de techno se trouvent... parmi les précurseurs de celle-ci !
Dameg - Admettons. Et alors ? Ce genre existe vraiment ou c'est un fantasme ?
G. Tonic - C'est difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est que ce qu'on peu appeler "techno" est réservée à une élite qui sait, dans l'entre-soi, reconnaitre sa "vraie" musique en dehors du reste. Exit les David Guetta et ce qui sort du lot par son originalité par rapport aux racines. La "vraie techno" se danse entre puristes d'un certain âge, ceux qui ont connu les racines de la musique électronique, ceux qui dansaient dans certaines boites reconnues comme diffusant de la "bonne" techno (l'An-fer de Dijon par exemple).
Dameg - Alors je ne saurai jamais ce qu'est vraiment la techno ?
G. Tonic - A moins d'être initié, ce sera difficile sans certains critères, qui ne sont accessibles que parmi les puristes ci-dessus.
Dameg - Mais ça, c'est valable pour toutes les musiques !
G. Tonic - Tout à fait ! Mais la techno en est un bon exemple puisque la musique électronique est en perpétuelle évolution depuis quelques décennies, sans compter sa massification dans les médias.
Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que nous avons posé un cadre à la techno en la définissant comme LA musique pure, originelle, et en considérant que les autres genres de musiques électroniques n'en sont que des dérivés bon marché, ce qui est relatif. Ainsi, si la "vraie" techno d'aujourd'hui s'oppose à la house des boites de nuit étudiantes, rien ne dit que dans quelques années, celle qu'on considérait comme originelle sera reléguée au rang de relique barbare et l'électro de prendre sa place dans les piliers de la techno. Mais on en est encore loin.
Dameg - D'accord... J'ai l'impression que finalement, notre traitement de la question était très partial, incomplet et bien trop vague.
G. Tonic - C'est toujours agréable... Non, non, tu as raison d'une certaine manière, car le vrai problème est que chacun à des gouts musicaux et une opinion sur ce qu'est de la "vraie" musique (par exemple la techno). Or ce qui va ressortir de cette masse, c'est une synthèse, qui va constituer l'essence de la vraie techno. Mais cette synthèse est bien dépendante des goûts des individus, bornée spatialement, temporellement et socialement, c'est ce que je t'expliquais précédemment. Ainsi, si on pourrait donner aujourd'hui une définition à la "vraie" techno (ou du moins poser un cadre et des bases, d'après les puristes, pour donner légitimement ce nom de "vrai" à un genre en particulier), il apparait que celle-ci n'est pas figée, et que bien au contraire, le temps va la faire se distendre, se rétracter... bref, s'il y a des conditions pour qu'une musique soit reconnue comme entrant pleinement dans un genre à une période donnée, les conditions seront probablement différentes à une autre époque. Vous me suivez ?
Dameg - C'est vous l'expert, hein... Donc moralité, c'est un peu la même conclusion que pour une question du genre "Faut-il être cultivé pour avoir du goût ?"...
G. Tonic - Tout à fait. Bien qu'on puisse aimer en matière de musique sans avoir besoin de trop de connaissances ou d'éléments de comparaison, juger une musique, non plus par rapport à vos goûts, mais à une genre ou en donner une qualité globale est très délicat.
Dameg - Donc pour répondre à la question...
G. Tonic - S'il est possible de s'accorder pour faire émerger un cadre autour de la "vraie" musique techno, celui ci n'est pas stable, et une musique qui n'est pas reconnue en tant que telle aujourd'hui le sera peut-être demain.
Dameg - J'aurais dû vous prénommer Tech, ça en aurait jeté.
G. Tonic - Hum... Cela aurait été ridicule.
Dameg - Sûr. Demandons ce que pensent nos lecteurs de votre exposé !
2 commentaires / Kion vi pensas pri tiu artikolo ? :
Peut-on appeler cela de la musique, puisque la techno, ce sont des sons électroniques ou synthétisés pas de la musique naturelle que peut produire avec le son d'une guitare où d'une flûte de pan?
@jojo : je vais me pencher sur la question pour pouvoir te répondre ;-)
... mais tu me demandes de te définir la musique, ce qui ne sera sans doute pas simple !
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