Je ressens les premiers frimas de l'hiver dans ce placard de la République, l'habitude aidant, je sais que l'hiver sera rigoureux lorsque le fond de l'air devient plus froid que mon café. Une seule chose parvient à me réchauffer un temps soit peu, les yaourts que me donne mon voisin de cellule, l'abbé Balkany. Bien sûr, ces yaourts sont aussi périmés que Brigitte Macron, mais que ne ferait-on pas pour manger quelque chose de chaud. En contrepartie, je donne ma ration de Flamby à l'abbé, j'y suis devenu intolérant depuis mon débat face à François Hollande en 2012. L'abbé Balkany est enfermé depuis plus longtemps que moi, je ne savais pas que la chose était possible.
Nous avons pu faire un trou dans les murs épais pour pouvoir s'échanger le peu de nourriture que l'on nous donne et parler, je suis dans une crise mystique depuis mon internement à la Santé, je prie continuellement, je parle à Dieu 6 à 7 heures par jour. Les murs sont tellement humides que nous avons assez d'eau pour nous laver quotidiennement même si le savon a disparu depuis longtemps, nous mangeons la nourriture des rats, ceux-ci doivent bien se rabattre sur autre chose.
Au fil du temps, j'ai sympathisé avec l'abbé Balkany, lui aussi a été jeté au cachot alors qu'il clamait son innocence mais la justice n'en a eu que faire. Cet homme âgé, à la voix grave, rauque, éraillée et aussi profonde que le déficit de l'Etat depuis la fin de mon mandat m'a avoué avoir été dans son ancienne vie, celle d'un homme libre (qu'il dur pour moi d'écrire ces cinq lettres: L.I.B.R.E, j'en ai presque oublié la signification!), avoir été maire d'une petite commune rurale: Levallois-Perret.
Levallois était un petit village peuplé de pauvres paysans qui travaillaient toute leur vie pour une misère, leurs seules richesses étaient leurs mains calleuses de travailleurs de force, leur bétail et leur cœur, pur et simple comme mon fils Louis. Et pourtant, l'abbé me confia un secret qui m'aurait fait tomber du haut de ma chaise si j'en avais une: il connaît l'emplacement d'un trésor à Levallois; des valises de billets qu'il a accumulées tout le long de son mandat, des prélèvements négociés sur la construction immobilière, le tout dans un but de redistribuer un jour tout ce butin aux nécessiteux. Je me rends compte que nous avons été jetés en pâture à la justice pour la même raison: prendre un peu aux riches pour en redonner un peu à ceux qui en ont besoin.
L'abbé est trop vieux pour tenter une évasion, il m'a indiqué précisément l'endroit où était caché le trésor. Une fois évadé, je lui fis le serment de me venger de ceux qui nous fait du mal; juges, magistrats, avocats, gauchistes, je reviendrais à Paris et je les anéantirais tous. A nous deux, Paris!!! A nous deux, la France!!!
J'écrirais un livre sur mon histoire, qu'elle serve de leçon aux générations futures. J'en ferais même un film, je verrais bien Pierre Niney dans mon rôle, ça aurait de la gueule, vous ne trouvez pas?
En attendant, je tente de construire un igloo avec de vieux pots de yaourts pour passer l'hiver.
Quelle indignité!!!
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