J'avais commenté cet extrait il y a quelques semaines lorsque je préparais le concours commun des 6 Instituts d'Etudes Politiques sur le thème des médias. Je me permets de le reprendre car il s'inscrit pleinement dans une réflexion sur les mutations plus ou moins contrôlées de la société, thème central de mes billets d'humeur.
Je le reprends tel quel, en vous invitant par la même occasion à une réflexion/débat sur le thème: "Comment percevoir les réseaux sociaux aujourd'hui?". Bonne lecture!
Juin 2010 | in The New Zealand Listener
A l’instar d’autres communautés virtuelles, Facebook est sans doute en train d’inverser certaines tendances à long terme en Occident, comme l'atomisation sociale. En 1995, le politologue américain Robert Putnam s’est plaint, dans un essai intitulé Bowling Alone [Jouer au bowling en solitaire, éd. Simon & Schuster, inédit en français], que les Américains participaient de moins en moins aux organisations sociales comme les partis politiques et les comités ou autres associations. Même s’il n’est pas certain que Facebook permette de se constituer un capital social, les jeunes générations l’utilisent pour construire des tribus de taille considérable, qui représentent une nouvelle forme de communauté.Alors là, c'est à voir...
Si le constat d'un désintérêt grandissant pour l'engagement politique et syndical dans nos sociétés occidentales modernes est unanime, quid des associations humanitaires, sociales, sportives...?
De plus, la notion de communauté est à prendre avec des pincettes et je pense qu'ici la journaliste néo-zélandaise s'engage peut-être un peu trop. Une communauté est composée de membres, qui ont émis une demande volontaire d'intégration à celle-ci afin de partager des valeurs ou des passions communes. (c'est du moins la définition que j'en ferait, et elle est sans doute contestable j'en conviens).
Alors, en quoi le fait de cliquer sur un bouton "rejoindre" ou "j'aime" peut-il être synonyme d'une réelle volonté:
1/ de partager des valeurs bien précises
2/ de prendre part ACTIVEMENT à la communauté?
Rejoindre un groupe ou accepter un "ami inconnu" peut-il vraiment être considéré comme une forme d'engagement social? Un enrichissement véritable du capital social?
Je me rappelle avoir lu un article de deux sociolologues (dans Télérama je crois), expliquant que bien que les jeunes s'engageaient moins dans les associations politiques et syndicales, ceux-ci étaient pourtant prêt à se mobiliser. Preuve? "le nombre de jeunes adhérents au groupe Facebook Au secours d'Haiti". Nan mais on croit rêver.
J'irai même plus loin en déclarant que Facebook, non content de ne pas recréer un lien social mourant, comme certains le prétendent, accélère la tendance. On assiste tellement à une mutation ultra-rapide de l'intimité, des amis, de la sphère privée, de la notion d'engagement et j'en passe, que ces termes se vident totalement de leurs sens.
Cela dit, ne crions pas au loup. Cela constitue-t-il réellement un danger immédiat? Rien n'est moins sur. Mais arrêtons de jouer à chercher sans cesse des bons cotés là où ils ne le sont pas.
2 commentaires / Kion vi pensas pri tiu artikolo ? :
Depuis la fin (officielle) des maisons closes, Facebook est le seul moyen de créer du lien social.
P.S: t'as le bonjour de la grande Lulu
@ Jojo: Oh, que j'aime tes fines analyses.
Laisse moi la part intellectuelle s'il te plaît. (^^)
Retourne à tes chroniques bien grasses, hein.
Et laisse moi essayer de faire quelque chose de bien, avec une dimension culturelle enrichissante.
Tu comprends, les gens disent "ah ouai, CDM, le blog avec les blagues du Jojo là." Le reste y connaissent pas.
' Faut que ça change ^^
C'est toujours un plaisir de te répondre, cela dit! (:
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